(6) Dans ce contexte, une question vient tout naturellement à l’esprit : que faire, qui soit bénéfique, au sens spirituel du terme ? Pour répondre à cette interrogation, il peut être profitable de rappeler en préalable qu’aux premiers temps du Christianisme, en une période comparable à la nôtre, les Chrétiens étaient peu portés à mettre des enfants au monde : la vie est-elle si désirable qu’on souhaite la transmettre, l’imposer, et ceci même en envisageant une finalité spirituelle ? De même, est-il souhaitable de transmettre la vie dans une société irrespectueuse du caractère sacré de la vie ? Ces réticences ne se révèlent-elles pas fondées à l’époque actuelle ?
Alors qu’en ces anciens temps de décadence, nombre de femmes tinrent un rôle primordial dans le redressement spirituel de leur société, qu’en est-il de nos jours ? Sur ce point, tout d’abord, on peut raisonnablement penser que les femmes occidentales et occidentalisées, « émancipées » depuis quelques décennies, ne devraient pas avoir perdu totalement le souvenir d’une époque où les mères connaissaient encore le bonheur d’avoir le loisir de s’occuper elles-mêmes de leurs enfants. À contrario, ces femmes, ces mères, ne ressentent-t-elles pas dans leur chair que l’état de travailleuses soumises aux impérieux caprices pervers du grand capital n’est pas une sinécure, que cet état ressortit en réalité de l’esclavagisme le plus subtil, le plus insidieux, auquel l’humanité ait jamais été confrontée ?
Or donc, en cette période prétendument « post-moderne », une indigence spirituelle se donne à voir sans retenue sur tous les plans. Pour n’en donner qu’un exemple, féminin : ne dirait-on pas qu’un très grand nombre de femmes, réduites par la magie gauche d’une mode triste à l’état de simples femelles, s’enorgueillissent de leur pouvoir, de leur désir, d’une simple pulsion à se réduire à fort peu de choses : des jambes de demi-déesses rattachées à une tête d’autruche désorientée par un cœur de plomb? Or, il suffirait, peut-être, que ces femmes lisent quelques passages des sermons de Saint Bernard de Clervaux, quelques passages du Paradis de « La Divine Comédie » de Dante, pour être sublimement inspirées, de façon subite, par les qualités supra-célestes de l’Amour tel qu’il fut dévoilé pour l’édification spirituelle de chacun par ces deux illustres courtois : pour comprendre en quelle très haute et fort précieuse estime était tenue la Femme et le rôle primordial qui était le sien, en ces temps près-modernes ? (7) Elles pourraient alors en tirer les conséquences...
Au 13ème siècle, sous d’autres cieux, le Saint Homme Shinran, l’Imbécile Tondu comme il se nommait lui-même, qui est vu comme le fondateur de la Véritable École de la Terre Pure du Bouddhisme au Japon, ne contemplait rien de moins en posant ses yeux sur son épouse Eshin-ni que la manifestation sublime du Bodhisattva Kannon ! S’il n’est plus possible aujourd’hui de s’inscrire dans le canal qui transmettait les influences spirituelles des Fidèles d’Amour, il est possible qu’un détour singulier, surprenant, inespéré ! par le Japon : par le truchement d’un Bouddhisme véritablement adapté à l’Occident, comble tout être humain passionné de Cœur Sincère !
Puisse la Femme être le Présent Durable de l’Homme !
Puissent tous les êtres obtenir la Paix et le Bonheur ! NAMO AMIDA BUTSU !
Révérend G. Bezençon