Feuille du Centre Culturel Bouddhiste Jôdo-Shinsû Harry Pieper de Montpreveyres, CP 29, 1018 Lausanne.
Sur les fins, les causes finales, de la démocratie : diviser pour mieux régner ;
ou, si les politiciens contemporains voulaient réellement notre bien, ne le saurions-nous pas ?... ou encore - d’actualité-, résister, simplement, dignement, durablement, pour préserver l’esprit de tous et de chacun de la pire aliénation concevable : l’infrahumanisme, plutôt que collaborer sous le prétexte de préserver indistinctement des corps par le biais aventuré de technologies hypersophistiquées ultramodernes dénommées de façon trompeuse transhumanistes.
Comme toute chose, les sociétés naissent, les sociétés meurent.
Une croix prolongée par un cercle la délimitant est chargée d’une signification profonde, essentiellement dynamique : expansion de l’unité à la multiplicité, et réduction de la multiplicité à l’unité (domination de l’un sur le multiple). Elle représente de façon symbolique (adéquate : suffisante) le mouvement d’expansion de la nature : le devenir. Ce symbole fera office de boussole au long de ce propos.
Ce symbole met en perspective les caractéristiques fondamentales du plan naturel et permet d’appréhender par analogie les caractéristiques de domaines plus restreints de la nature (par ex. cosmique, politique) : le plan naturel étant le lieu de déploiement de la forme comme telle, toute forme particulière s’y déploie nécessairement (1).
Aux yeux de nos lointains ancêtres, de quelque origine qu’ils fussent, ce symbole et les conceptions auxquelles il renvoie étaient en général vus pour ce qu’ils sont : des évidences. Or, on peut légitimement estimer que peu de thuriféraires de la modernité entrevoient que ce symbole puisse être opératif, sans parler d’en saisir la richesse de significations et d’en tirer adéquatement des conséquences.
Evoquons maintenant un texte qui inspire depuis des siècles la sphère politique occidentale : La république de Platon. L’auteur y expose, entre autres sujets, une théorie politique d’une grande pertinence qui dévoile, en quelque sorte, la dynamique propre à toute cité. Dans le livre VIII, Platon expose les principes de la politique, qu’il applique en mettant en correspondance : I) cinq régimes politiques faisant époques (aristocratie, timarchie, oligarchie, démocratie, tyrannie) jalonnant et rythmant le mouvement de déclin d’une cité-parangon ; II) la nature humaine intégrale, organisée, selon les tempéraments, en divers groupes humains mis en rapport avec des fonctions sociales structurées verticalement.
Le symbole de la croix prolongée par un cercle la délimitant se prête bien à l’ordonnancement de l’expression picturale de ce sujet. Il suffit pour cela de lui apporter une modification qui, loin de changer sa signification profonde, la rend plus évidente : en remplaçant les branches de la croix à leur intersection par un cercle mesurant un tiers environ du diamètre du cercle extérieur (ce qui forme deux cercles concentriques reliés par quatre rayons orientés vers les points cardinaux). La figure obtenue présente cinq subdivisions, dont une centrale qui donne visiblement son sens à l’ensemble en débordant sur celles situées aux angles, le cercle extérieur faisant office de cadre. Il ne reste alors qu’à placer dans les subdivisions : I) au centre, le régime modèle, l’aristocratique ; II) en haut à droite (de l’observateur), le timarchique ; III) en bas à droite, l’oligarchique ; IV) en bas à gauche, le démocratique ; V) en haut à gauche, le tyrannique.
Cette figuration synthétique et dynamique s’apparente au beau symbole de la Roue de la Vie (sanskrit : bhavacakra) du Bouddhisme, avec cette nuance que celui-ci se rapporte à la réalisation spirituelle, à la métaphysique, et celle-là à la politique, ce qui ne la fait pas sortir du domaine physique (2).
De tels symboles se retrouvent de nos jours encore en nombre dans toutes les cultures. Ils représentent le mode d’expression et d’assimilation privilégié des vérités spirituelles, un mode d’expression certainement beaucoup moins limité que le discours rationnel si prisé depuis quelques siècles en Occident.
En donnant forme à ces vérités, ces symboles concourent au transfert des influences spirituelles par les canaux de transmission traditionnels, à la transmission effective de l’enseignement et à sa bonne mise en pratique, ce qui conduit le pratiquant sincère ainsi légitimé à l’atteinte plus ou moins subite, selon le chemin emprunté, du but de la Voie.